In the mists of time ♣ Free.

IN THE MISTS OF TIME.
In the mists of time ♣ Free. Sans_t12

Dans cet endroit, le temps semblait suspendu. Rien ne bougeait. Sauf peut-être les herbes sèches au sol qui étaient agitées par le vent. Un vent qui lui, ne semblait jamais vouloir se poser. Le paysage était sinistre, on ne voyait rien à plus de deux queues de renard. Une brume planait sur la terre. On ne voyait pas l’horizon. Lorsqu’on levait le nez, c’était un ciel gris et hostile qui nous accueillait. Les nuages étaient immobiles, malgré les bourrasques. Le soleil, lui était bien présent. Mais il était caché derrière mille couches de coton. Et seul un cercle entouré d’un halo blafard représentait l’astre. Un endroit à faire fuir les plus peureux, et en faire perdre la raison. Ou frissonner de plaisir. Comme pour Rhosarf. Il aimait ce paysage. Ce gris et ce jaune délavé qui s’étirait à l’infini. L’étalon pie marchait, l’encolure basse, les naseaux presque au ras du sol. Ses oreilles étaient pointées en arrière et il avançait sans but précis. C’était un exilé. Mais rien en lui faisait peur. Rien ne l’arrêtait. À l’évocation de ces pensées, une décharge électrique passa dans les veines du cheval pie. Il s’arrêta et scruta la lande morte d’un œil expert. À présent, il mourrait d’envie de galoper, de se fondre dans cette brume. Rhosarf ne se fit pas prier. Il contracta tous ses muscles et se propulsa en avant à l’aide de ses postérieurs. Les naseaux dilatés, il appréciait le goût de l’effort. Il aimait cette sensation de tiraillement sur ses muscles. Il savourait. L’air devenait plus frais, piquant au vif l’étalon pie. Il accéléra l’allure, ses sabots martelant le sol à une vitesse fulgurante. Autour de lui, les ombres s’allongeaient. Rien ne semblait pouvoir freiner cette course qui n’avait pas de ligne d’arrivée. Mais soudain, entre le dédale de la brume se dessinait une ombre plus dense que les autres. Rhosarf fit un arrêt brusque. Il sentit une douleur dans ses antérieurs lorsque ceux-ci retombèrent lourdement sur la terre. Ses flancs se soulevaient et s’abaissaient rapidement. Son cœur, lui, était toujours en train de galoper dans sa cage d’os. L’encolure arquée, les oreilles plaquées sur sa nuque, les sabots fermement posés au sol, l’étalon pie ne cessait d’observait l’ombre inconnue. Elle ne l’effrayait pas, au contraire. Elle éveillait en lui une curiosité un peu plus grandissante chaque instant. Il avait hâte de savoir ce que c’était. Mais il ne bougea pas, et laissa la chamade de son cœur s’apaiser.

On se mouve comme on se noie. Je ne suis que moi, tu n’es que toi. Je ne suis que le rien et pourtant j’existe. Je survis dans un monde qui n’est plus le mien. Tout comme cette terre. Cette terre, ce n’est pas moi. L’ancienne terre, c’était toi. Les souvenirs. Nos journées ensembles, nos bons moments. La première fois aussi où j’ai tué. Où j’ai ruiné le cœur de millions de pauvres âmes. J’ai comme envie de ricaner. Qu’importe, je n’éprouve absolument rien. Je trace ma vie, et personne ne peut rien y changer. Les êtres sont comme ça. On sème nos graines, chacun de son côté et parfois, tous se rencontrent. Mais cela ne change rien puisqu’on continue ensuite. Celui qui pourra changer cela, alors ce serait un Dieux. Les Dieux. Cela me donne envie de rire. Les Dieux ne nous ont jamais aimés. Ils ont bien mérité notre insolence. Comme pour me contredire, je sentis une bourrasque de vent. Je ricanai haut et fort, bravant les Dieux. Mais je les oubliai vite. Ce n’était pas ce qui m’importait. J’avais vu une silhouette au loin. Seul, dans la pénombre des landes perdues, je scrutai ce point, qui me semblait irréel. La brise bousculait ma crinière, l’emportait avec elle. Avec douceur, je sentais son contact glacé et je souriais. Le vent, c’était comme un souvenir de toi. J’avais comme l’impression que tu étais la brise du matin. Légère, insouciante. Tu t’envolés presque. Tu étais belle, avec ta grâce et tu semblais danser à chacun de tes pas. Tu étais belle parce que c’était toi. En regardant le ciel qui s’assombrit au dessus de moi, je repense à notre rencontre. Ce si beau jour. Je m’en rappellerai toujours. Toujours. Ce serait impossible de le raconter, c’était peut-être trop beau. Trop émouvant. Mais c’est un souvenir. Un souvenir qui petit à petit disparaît sans que je le veuille ni puisse y faire quelque chose.

Il pleut. Je sens les gouttes ruisselaient le long de mon corps, parcourir mes flancs. Je ronfle des naseaux, tout doucement. Je t’attends depuis si longtemps. Je sais que tu vas arriver. Alors j’attends. J’entends bientôt son souffle saccadé. Ta voix. Un murmure. « Siberian … » Je me retourne, lentement, te souris. Son visage s’illumine. Je rigole. « Tu croyais que je ne serais plus là où que je t’en voudrais ? » Elle fait une moue, sourit, rigole. Je la regarde. Puis un silence. Un long silence. Je la regardais, je la désirais et je n’arrivai pas à lui dire. Elle a répété mon nom. J’ai grogné quelque chose entre mes dents. J’ai essayé de grogné que je l’aimais mais rien ne sortait de ma misérable bouche. J’avais tellement peur que ce ne soit pas pareil de son côté. Elle s’approche de moi, se colle à moi. Je déglutis péniblement et la regarde. Elle sourie, mais comme avec tendresse. Et sa bouche contre mon oreille, elle me chuchote. « Je peux l’entendre encore une fois ? » J’ouvre la bouche, tente de faire bouger mes lèvres mais rien ne sort. Tout reste bloqué. Mais finalement, je tourne la tête, part plus loin et lui dit. « Je t’aime Prïlia. » Je n’ose plus la regarder, j’ai presque honte. Mais elle vint vers moi et me chuchote aussi quelques mots. Je la regarde dans le font des yeux et je comprends enfin quelque chose. Je comprends que je l’aime, que je l’aime et que je n’avais jamais vraiment su ce que voulait dire cela. Aimer …

Parce que j’aurai comme envie, que tu reviennes, là prés de moi, pour réentendre ta voix. Et je m’efforce de t’effacer de mes pensées. Mais ton image revient. Inlassablement. Je m’approche bientôt de l’ombre. C’est un étalon. Pie. Grand. Je l’observe. Mais mes pensées sont ailleurs, je ne réfléchis plus, je te revois. Je chasse cette pensée de ma tête. J’ai comme l’impression qu’il pleut encore. Comme dans mon souvenir. Mais cette fois ci, la pluie a un gout de mort & de sang. De mort et de sang.

Ton nom signifie douleur et plus que tout, je t’aime …

[Voila, pour toi ♥]

} Ce que tu as écris est tout simplement superbe. *.* {

Les sabots fermement posés au sol. La tête haute, les oreilles couchées en arrière. Un signe de défi. Une perpétuelle lueur haineuse dans les yeux. Voici ce qu’il est ; un être de froideur et de haine. Une haine qui alimente une vengeance. Une vengeance sur quoi ? Sur la vie, répondrait-il. Rhosarf n’avait de cesse de fixer l’ombre face à lui, qui approchait. Alors l’étalon put définir ce qu’était l’Ombre. C’était un équidé, et plus précisément un mâle. Le pie approcha de quelques pas, sa crinière retombant dans un rideau fluide sur son encolure. Les yeux plissés, il pu distinguer les traits du cheval qui se trouvait face à lui. À présent, seule une distance d’un peu plus de deux queues de renard les séparaient. Il était assez grand, peut-être un petit peu plus petit que Rhosarf. Il devait sûrement être de robe baie. Il avait les membres fins, mais là où le pie e trouvait, cet étalon semblait taillé dans de la roche. Dans les yeux de l’inconnu, il semblait défiler les images d’un passé lointain. Nostalgie. Un frisson parcouru le pie alezan. Ses yeux se fermèrent l’espace d’une demie seconde. Qu’il était désagréable de repenser à son père. Désagréable dans le sens qu’il n’était plus des leurs. Il avait défailli. Quelque part, sa progéniture était persuadée que sa vie avait été arrachée par les Dieux. Ces tous puissants qui en fait, n’étaient qu’orgueil. Rhosarf serra les mâchoires à s’en faire mal. Son cœur était prit dans un étau où l’étreinte était inébranlable. Il haïssait ce passé. Car trop souvent, les souvenirs le submergeaient et manquaient de le noyer. Mais le pie savait en faire abstraction et remonter à la surface. Toujours. Et là, il sentait à nouveau cette douloureuse nostalgie l’oppresser. « Sois fort. Comme tu l’as toujours été. » Songea-t-il. Ses yeux s’écarquillèrent et Rhosarf reprit le contrôle de lui-même. Il était temps de découvrir qui était cet étalon dont la brume l’enveloppait. À nouveau, le pie avança de quelques pas. Il progressait lentement, et de lui émanait mystère et noirceur. Il remarqua alors que le bai égalait sa taille. Mais peu importait, finalement. Rhosarf s’arrêta, il avait parcouru la courte distance rapidement. Ses yeux experts détaillaient l’inconnu. Il secoua son encolure, et sa cascade de crins retomba telle la soie de l’araignée.

« Sombresoir. »

Murmura-t-il avec froideur, préférant rester sur ses gardes. Nous n‘étions jamais à l‘abris. Rhosarf leva la tête et plongea ses yeux bruns dans ceux de l’inconnu. Pour une fois, il ne fit passer aucun message. Aucun.

Je suis là, à attendre que la vie s’écoule, que les heures passent. Et je t’observe. Tu semble bien sombre, toi aussi. Mais je le sais. Je le sais que tout le monde a un passé que l’on porte sur ses épaules. Nos pauvres épaules. On supporte le poids du monde alors que ce n’est presque rien. Alors que nous ne sommes presque rien. Je suis là, à attendre que un jour, je meurs, que le monde soit enfin débarrassé de moi, de ma personne. Mais le temps passe, et mon âme se souille encore plus à chacun de mes pas. La couleur de la haine. Mon âme a pris la teinte de la couleur de la haine et du sang. Je te regarde, du fond de mes prunelles te fixent. L’horloge du temps, avance. Et nous aussi. Je repense à toi, à ton joli visage, ton sourire, tes yeux clairs. Je me rappelle aussi lorsque je te taquinais, que tu me boudais. Et je rigolai. Je rigolai. Et maintenant, le rire a disparu. A jamais. Comme la brise douce que tu étais. Tu as disparu, tu t’es envolé. D’autres aussi, tous ceux qui composaient ma vie. Et après, je ne pensais qu’à fuir, qu’à fuir ces endroits qui me rappelaient tellement de choses. Je ne suis à vrai dire qu’un fragment d’existence, qui survit parmi tans d’autres. Avant que je t’aie rencontré, j’étais un aveugle dans une pièce noir. Je ne voyais rien et la lumière ne venait pas. Et puis, tu es arrivé. Un coup de vent, une lumière éblouissante. D’abord, amie, de plus en plus proche, amoureuse, amante. Et puis morte. Et alors que ma pièce où j’étais enfermé, c’était illuminée, alors après tout c’est éteint. A jamais, dans une obscurité. Je l’ai apprivoisé, ce noir qui se formait autour de moi et ensemble, on a tué, saccagé car notre lumière à nous, était partie.

Tu étais tombé. Tu boudais. Tu étais recouverte de boue. A vrai dire, il avait plu hier. Nous étions alors amis. Tu râlais, grognais tandis que moi, je ne pouvais m’arrêter de rire. D’ailleurs, tu m’en voulais et tu essayas d’attirer mon attention en criant mon prénom. Mais je ne pouvais m’arrêter. « Siberian ! SIBERIAN ! Je suis énervée là ! » Je la regardais un instant mais je ne pouvais plus m’arrêter, je finis presque par terre. Elle continua à grogner, à m’appeler mais rien à faire, je ne voulais rien entendre. Je finis par me stopper, les larmes aux yeux, ayant trop rie. Elle se releva de sa flaque de boue et me regarda avec un air de mécontentement. Entre deux éclatements de rire, en voyant sa face plein de terre, je parvins à articuler quelques mots. « Mais enfin Prïlia, ce n’est pas de ma faute ! » Elle fit la moue et finis par me pousser dans la boue. Ce fut à moi de pousser un grognement. Elle tomba à terre. Nous nous regardâmes. Elle souriait, légère, aussi légère qu’un plume. – Revoir son sourire, juste le revoir. Ce sourire de mes souvenirs …

Je revois ton sourire. Tu étais si belle. Ta robe alezane, ton petit museau fin, ton sourire éclatant. L’étalon devant moi parla alors. D’une voix sombre. Distant surement. Je fis de même. « En effet … » Je me retourne, le regarde. « Je me nomme Gàlan Desheredar. » Je ricane, lui lance un regard. Sourire ironique, presque méchant. Ma crinière se colle contre mon cou, mes yeux parcourent la lande déserte. Je bats l’air de ma queue et fixe un point au loin, quittant donc l’étalon des yeux.

Je pense encore à toi. Je pense encore à la mort. Mais l’amour, sa se dissipe. Cet amour, il se dissipe tout comme toi, tu t’es envolé …

[Merci, toi aussi ♥ ]

( Je ne suis pas fière de mon texte mais bon )

Les heures s’écoulent lentement. L’aiguille de l’horloge change de minute avec lenteur et la trotteuse ralentit. On dirait que le temps se fige, s’arrête pour la demoiselle. Le ciel est gris, et une brume voile l’horizon empêchant de voir plus loin que le bout de son museau. Tout semble mort. Seules les brindilles d’herbes bougeaient au grès du vent se penchant et se redressant d’arrière en avant obéissant à l’ordre d’Eole. Il devait y avoir des corbeaux car on entendait des croassements et on devinait des petites silhouettes noires posé sur des branches. A part ces bruits effrayants rien d’autre. Le lieu était calme presque trop calme qu’il en devenait angoissant.

Pourtant une fine silhouette errée dans ce paysage funeste. La jeune jument s’était égarée dans les landes. Elle entendait le cries des corbeaux qui lui provoquaient des frissons dans tout son corps. Chaque pas était une torture pour la jument, son cœur battait à cent à l’heure dans sa poitrine et le moindre craquement de branche, ou le roulement d’un caillou lui faisait peur. Elle marchait presque à tâtons dans le lieu tellement elle n’y voyait rien. Quand elle entendit le son d’une voix. Son regard chercha la source du bruit mais impossible. Elle se concentra alors sur les sons mais plus rien. Elle reprit alors sa marche, complètement terrorisé espérant revoir bientôt la lumière du soleil.
Mais la jeunette avait l’impression d’être prit dans un piège, pire qu’un labyrinthe elle ne trouvait pas la sortie. Pire encore, elle avait l’impression que les heures s’écoulaient lentement et qu’elle était enfermée. Complètement angoissé la jument commença à respirer fort et à tourner sur elle même. Elle frappait le sol violement et poussait des petits hennissements. Une chouette hulula. La belle s’arrêta et écouta. Elle fermi les yeux inspirant l’air frais essayant de réfléchir et de détruire cette angoisse qui l’empêchait de se concentré et donc, de trouver une solution. Quand elle ouvrit les yeux, ce fut comme un miracle pour elle : La brume s’était dissipée. Certes, il y en avait encore mais on pouvait déjà voir plus loin devant soi. Un peu plus rassuré, la jeunette effectua quelque pas et reprit sa marche. Le vent soufflait et lui chantait sa douce chanson mélancolique… Et puis elle devina une silhouette équine qui se dessinait dans le brouillard. Elle ne perdit pas une seconde et accéléra son pas. Elle n’avait qu’une envie se retrouver avec cet inconnu ! Qu’importe s’il était méchant, manipulateur ou bien un fou elle avait besoin de se retrouver avec quelqu’un. Ce fut au bout d’une vingtaine de minutes que la jolie se retrouva non loin de l’autre cheval. Mais elle se stoppa. En promenant son regard vers la droite elle vit un autre étalon. Devait-elle vraiment y allée ? Sur tout que les deux mâles semblaient ne pas se connaître et étaient, qui plus est, plutôt bien bâtis. Luce regardait les deux mâles l’un après l’autre n’arrivant à se décidé. Devait-elle s’en allée ? Ou bien rester, et trouver enfin une compagnie ? Elle poussa un soupire. Sa lâcheté prit le dessus et elle décida de s’incruster. Elle secoua rapidement son corps, jeta un regard à droite et à gauche par prudence et s’avança vers les deux étalons…

En quelques pas, la jeunette se retrouva à côté des deux mâles. Elle n’était pas trop en avant, prête à fuir au cas où les deux étalons ne l’accepteraient pas. Par peur la jument braqua son regard vers le sol…

L’obscurité semblait totale, et pourtant, la brume qui glissait au sol telle une âme en peine, un fantôme, semblait donner plus de luminosité au lugubre endroit. Un frisson vint agiter l’échine de Rhosarf. Le pie fixait l’étalon face à lui, mais cette fois-ci, il ne cherchait pas la bagarre. Non, loin de là. Il était juste neutre et méfiant. Il avait les muscles contractés et était prêt à bondir si jamais il se faisait attaquer où s’il fallait fuir un danger quelconque. Rhosarf était aux aguets, observant autour de lui. L’inconnu répondit à sa salutation et en profita pour se présenter. Gàlan Desheredar. Un nom plutôt complexe. Mais pour l’étalon pie, il serait ainsi moins difficile de l’oublier. Il se sentit alors obligé de se présenter.

« Rhosarf. »

Son prénom avait résonné dans le silence inquiétant de la lande. Il avait parlé à voix basse, ses yeux n’ayant de cesse de scruter l’obscurité. Maintenant qu’il y avait quelqu’un d’autre avec lui, il se sentait mal à l’aise et dans un constant sentiment d’insécurité. L’étalon tourna vivement la tête sur la gauche, et les os de son encolure émirent un craquement sonore. Un fantôme émergeait de la brume. Ou bien la brume elle-même créait une illusion d’optique. Rhosarf huma l’air. Une jument. Ses naseaux se dilatèrent et un petit ronflement en sortit. Une jument émergea du brouillard, l’air peu assuré. Le pie trouvait qu’elle avait un air de soumis, l’encolure basse, les yeux fixant le sol hostile du paysage. Rhosarf recula d’un pas, les oreilles couchées sur sa nuque, devenant encore plus méfiant qu’à l’instant. Il était entouré de deux parfaits inconnus. Qui sait ce qu’ils étaient, derrière leurs visages ? Si jamais le pie avait été seul, il se serait approché de la jument, en toute délicatesse, usant de tout son charme. Mais Gàlan était peut-être un rival. L’étalon prit une position défensive, et il leva la tête bien haut.

« Mademoiselle… »

Murmura-t-il froidement entre ses mâchoires serrées. Ses yeux scrutaient la femelle. L’étalon était impénétrable. À part son éternel masque de froideur, il ne représentait qu’impassibilité et neutralité.

Le temps passe, sans toutefois prendre attention à nous. Il se déchaine, continue sa trace et ne s’arrêtera jamais. Le temps laisser derrière lui, des millions de cœur et d’âmes, tous déchu, les uns que les autres. Le temps, je le connais bien moi aussi. Il a laissé derrière moi, tellement de traces. Et là, alors que je regarde l’ombre devant moi, je songe que le temps aussi passe et que nous sommes là, à attendre qu’il passe. Le silence nous accompagne. Mes yeux scrutent toujours un point. Mais le brouillard nous enveloppe et la brume fait comme un masque blanc autour de nous. L’étalon, après avoir entendu mon nom, me dit le sien. Mon nom, ou plutôt, celui que je dis. Il ne m’appartient pas. C’est une facette parmi tans d’autres. Rhosarf. Je vis alors que l’étalon sentait une odeur. Je ne fis pas de même, je préférais attendre. Mais je devinais que c’était une jument. Un sourire vint se poser sur mes lèvres. Et là, de nulle part, sortie de la brume, je vois la jument sortir. Fine, gracieuse, fragile. Une petite jument grise. Je l’observe bien attentivement. Elle semble perdue. L’étalon à mes côtés se met en position de défense et murmure quelque chose. Je regarde la jument. Lucinda. Son nom. Je m’approche de la jument. J’éclate de rire. Un ricanement méprisant, moqueur, ironique. Elle comprendra, je le sais. Je la regarde et lui murmure à l’oreille : « Lucinda … Sa fait longtemps, dis-moi … Quel plaisir de te revoir ! Je t’ai manquée ? » Ma voix se veut doucereuse, mielleuse. J'éclate encore une fois de rire et m’éloigne. Lucinda. J'ai depuis toujours décidé que ce serait comme une proie. Une proie insaisissable. Une proie que je voulais charrier, faire souffrir mais tout doucement, tout lentement. Je regarde l’étalon. Qu’il la charme, cela m’es égale. Je sais que s’il la veut, il ferait mieux de s’accrocher. Lucinda, n’est surement pas une proie facile …

Siberian Demetrie. Gàlan Desheredar. Deux noms, deux identités. Mais qui suis-je ? Le passé revient toujours en boucle, pour vous charrier, pour vous faire regretter. Je pourrai regretter mais je n’y arrive plus. Qui suis-je ? Je ne sais pas. Je ne suis qu’un être déchu, détruit. Mon cœur est éparpillé en mille morceaux. Quatre années à errer, à se détruire intérieurement. Quatre années à détruire, à tuer. Quatre années de deuil et d’amour. Quatre années de haine et de colère. Souvenirs qui fusent. Un jour, un vieil homme m’avait dit avant de mourir : « On comprend qui on est lorsqu’on contemple un cadavre, une personne que l’on vient de tuer. » Je ne sais pas s’il avait vu mon destin mais il avait vu juste. Pendant ces quatre années, j’ai fermé mon cœur à double tour. Je l’ai fermé à jamais pour que personne ne puisse l’ouvrir. Il ne s’ouvrira jamais. C’est une promesse que je me suis faîte. Je recherche toujours. Je recherche. Je ne recherche presque plus rien. Je suis trop détruit, trop de haine remplit mon cœur. Mais je ne peux plus l’enlever. Elle fait partie de ma vie. Victime. Encore des victimes. Leurs corps, leurs sourires n’emplissent pas mon cœur. Je n’ai jamais de remord. Un cœur sans âme ne peut retenir des souvenirs. Il y a juste ton visage. Ton visage lorsque tu me souriais comme un ange. Comme un enfant. Je ne veux plus penser. Mais sache que tout ce que je fais, c’est pour toi, pour toi seule. Pour mon amour. Pour ma haine contre celui qui t’a tué.

Mais pourquoi ? Pourquoi moi ? Je secoue la tête, me retourne un instant, j’aurai envie de fuir, mais je ne peux pas. C’est ma punition. Je dois supporter, subir, car c’est moi qui a provoqué tout cela. Les souvenirs, j’aimerai les chasser, les faire fondre mais je ne peux y arriver. Construire un présent, je ne peux pas. Oublier le passe, je ne peux pas. Penser au futur ? C’est la peur qui me guiderait. Je retourne prés de l’étalon et de Lucinda et reste immobile, figé.

Les prunelles de la grise glissèrent sur le corps du beau pie admirant ses formes et ses muscles qui le bâtissait à merveille. Le visage du mâle ne laissait percevoir aucun sentiment, seul son masque de froideur restait accrocher à son visage. Ces lèvres bougèrent à peine pour salué la jument. Celle-ci n’exprima à son tour aucun sourire et restait de marbre face au deux étalons, elle allait prendre la parole quand le bai la lui piqua. Elle dévia son regard sur l’étalon bai regardant lui aussi son physique fort avantageux. En écoutant les paroles de l’étalon elle entendit son nom, aussi tôt son corps se redressa et son regard s’illumina pendant quelque seconde. Elle ne savait pas comment le mâle connaissait son prénom, le bai ne lui disait rien. Mais au fur et a mesure des paroles de l’étalon, elle reconnut la voix du mâle. Automatiquement, un sourire glacial se peigna sur le visage de la frêle jument la rendant plus forte. Elle frappa le sol avec violence et répondit d’une voix glaciale à Gàlan :
- Pff ! Crois-tu vraiment que tu peux manquée à quelqu’un ?

Elle lança un regard noir au mâle et détourna ses prunelles sur le grand pi lui adressant un faible sourire amical. Luce posa son regard ailleurs ne regardant plus les étalons, se questionnant. Brusquement elle avait envie de s’enfuir. Elle était en présence de deux mâles qui pouvait faire ce qu’ils voulaient d’elle. Peu rassuré, la jument fit un pas en arrière se rappelant qu’elle était faible, très faible… En fermant les yeux la jument se souvenu des paroles de sa mère : « Sois forte Luce ! Ne laisse pas les autres te marchais dessus ! » La jument souri, heureuse. Ils ne pouvaient rien contre elle. Son cœur dans sa poitrine battait à une allure régulière, il avait retrouvé son calme. Tous, on toujours cru que Luce était faible et soumise, qu’elle ne valait rien. Pourtant la belle est plus forte qu’on peut le pensé et bien plus dangereuse que certains l’imagine ! Oh oui, depuis le jour qu’il l’a quittait, depuis ce jour fatal pour elle, la belle est devenu bien plus forte, et son cœur si pure d’avant est devenu si mauvais… Pourquoi aurait-elle peur d’eux ? Physiquement ils étaient bien plus forts qu’elle mais psychologiquement la jument avait une chance ! Ses mots pouvaient être tranchants comme des lames de rasoir et elle en est bien consciente. Son regard allait du pi au bai cherchant une seule faiblesse sur le visage de ses potentielles ennemis.

« Luce, viens avec moi ! Tous les deux on sera heureux, tu verras
- Et ma famille ?
- Tu la reverras !
- Tu me le jure ?
- Evidemment !»
La belle fit un sourire à l’étalon, en extase. Elle se blottit dans l’encolure de son amant sentant son odeur, elle se retira de ses bras et frotta sa ganache contre celle du beau gris. Elle posa son regard sur le ciel noir, étoilé et admirant les lucioles qui venaient tournoyer autour d’eux deux. Elle ne doutait pas un seul instant qu’il allait l’emmener loin de ses terres natales pour ensuite l’abandonné avec un sourire mauvais sur le bord de ses lèvres réduisant à néant la belle. Non, elle ne se doutait pas de son destin… Pour elle, ce jour là, ils allaient vivre un conte de fée jusqu’à la fin…

Ce fut dans sursaut que la jument revenu à la réalité. Complètement désorienté, elle regarda autour d’elle de par tout avant de se rappeler où elle était et en présence de qui et ses intentions… qui pouvaient tourner au drame…

Rhosarf fixait les deux équidés. Gàlan Desheredar s’approcha de la gris et lui murmura quelques mots que le pie n’eut pas le loisir d’entendre. Ils se connaissaient. Fort bien. L’étalon abaissa son encolure et soupira. Il renifla le sol puis releva la tête. Il ne se permit aucun commentaire. Leurs histoires ne concernaient qu’eux. Puis la délicieuse jument grise renvoya une réponse cinglante au bai. Cette fois-ci, Rhosarf esquissa un bref sourire en coin. Le pie leva ses naseaux vers le ciel et sentit quelques flocons parsemer son corps. Il frissonna. L’hiver était plus présent que jamais. Cela en était parfois inquiétant. L’étalon pie sentait qu’il y avait un froid entre le bai et la grise. Ils devaient avoir beaucoup de différends. Un soupir s’échappa des lèvres de l’équidé. Rhosarf observa autour de lui. Ils étaient entourés de brume. Cernés par une fumée dansante.

« Eh bien, je crains qu’on ne soit perdus, dans ce trou. »

Murmura Rhosarf. Un frisson le parcouru à nouveau. Il faisait froid. Très froid. Un froid qui comprime les poumons et gèle les os. Un froid que si on ne bouge pas, risque de nous emmener vers la tombe. Cette pensée crispa l’étalon pie. Il se dandina sur ses membres fixant le Vide. Il pensa un peu à son père. Celui qui fut son maître sur la vie, sa mère, son frère, sa sœur. Tout. Bien plus qu’un simple géniteur.

SOMEWHERE - PART 1

La tempête arrivait et avec elle l’horreur du désastre. Avec elle, elle emmenait une sorte de plaine, de gémissements, de cris de morts. Ce n’était surement que le vent qui les emportait mais cela donnait une ambiance étrange, sinistre. Les flocons de neige commençaient à tomber. Un vent glacial parsemait les plaines désertiques, faisaient s’envoler quelques poussières inexistantes. Trois ombres parmi ce désastre qui se préparait et qui somnolait avant son heure qu’elle attendait patiemment. Trois ombres qui ne se connaissaient pas, qui ne le cherchait pas. Une jument, toute frêle, grise, Lucinda. Deux autres mâles, plutôt imposants. Un pie alezan et un baie brun. Et tous les trois, attendaient. La tempête arrivait maintenant vraiment. La neige tombait rapidement et couvrait en quelques minutes la lande. Le vent arrivait, emportait tout sur son passage. Les frêles ombres ne se distinguaient presque plus. Elles devenaient insignifiantes aux yeux de la tempête. Elles se fondaient maintenant dans la masse, enveloppées par un rideau blanc qui ne cessait de s’épaissir.

N’ayez jamais de pitié pour les personnes qui en veulent car vous ne leur offrirez que ce qu’elles désirent et le désir amène tôt ou tard la haine puisque tout devient réclamer. Voila, ce que j’avais toujours en tête, en regardant toutes les âmes que je détruisais. La pitié, on me l’avait souvent offerte, je ne l’avais jamais pris. C’était toujours des mains tendus que je refusais, peut-être par fierté ou par lâcheté. Parfois, ta voix semble venir à mes oreilles. Comme un souffle, un murmure qui se prolonge puis s’éternise. Puis, un souffle de vent et tout disparaît. J’aimerais qu’avec lui, il emporte les souvenirs pour que à jamais, j’oublie et alors je me répète qu’il faut que je laisse tout cela, se transformer petit à petit en quelque chose de floue, de disparue même si dans mon cœur, elle n’est pas encore morte. Je ne peux pas. Le passé, je le sais pourtant, est aussi irréel qu’un rêve. Il faut juste la laisser partir mais je m’y accroche désespérément. Il faut juste, laisse tout ça, se transformer en souvenirs lointains. Je reviens brutalement à la réalité, prend conscience de ce qui m’entoure, de la tempête qui nous enveloppe. J’entends la voix de Lucinda et je ricane. Je ne lui réponds pas. Il n’y a rien à répondre. La voix de Rhosarf se fait entendre. Je réponds avec un fond ironique. « Merci pour cette information … Avec la tempête qui nous enveloppe, je n’avais absolument pas remarqué ! » Tu le regarde, mi-amusé, mi-exaspéré. Le vent te pousse alors violemment, t’entrainant quelques pas plus loin. Tu grogne et regarde amusé Lucinda tout en lui gueulant pour qu’elle entende par-dessus le vent. « Tu va pas tenir longtemps ma pauvre ! Toi qui es si frêle. Ce serait si dommage que tu meures dans cette tempête … » Tu éclate d’un rire sinique, méchant, glacial tout autant que le vent. Tu es bientôt aveuglé par les flocons qui te viennent dans les yeux. Tu cherche des yeux, les deux autres personnes. Mais le vent te pousse si violemment que tu n’arrive plus à rien. Tu finis par apercevoir une ombre. Ils sont surement prés mais le brouillard épais qui vous entoure, t’empêche de distingue clairement quelque chose. Tu peste, sens tes sabots s’enfonçaient dans la neige molle et reste là à attendre. Le froid te gagne. Tu n’es plus qu’une statue immobile. Seul un sourire ironique reste sur ton visage.

La jeunette avait finit par posé son regard sur la silhouette d’un tronc se laissant bercer par le sifflement du vent. Elle sentit des flocons venir se posé sur son dos et fondait à son contact. Le vent renforça sa violence, et le froid arrivait encore plus mordant qu’avant. La neige s’accéléra mais les flocons étaient encore bien petits et fondait en touchant le sol. La jument serra les dents en sentant le vent essayer de la poussé sur le côté et tenter de l’éloigné des deux mâles. Ses crins voletaient dans tout les sens, le vent était sur le côté et poussé la jeunette vers la gauche. Elle entendit Gàlan parlait au pi se foutant légèrement de sa gueule. Luce ne put s’empêché de sourire. Elle leva les yeux au ciel et découvrit un ciel laiteux annonçant de la neige, plus le vent la jument était certaine qu’une tempête arrivait. La brume qui s’était dissipé retomba devenant épaisse noyant les trois chevaux dans un nuage blanc. Luce ferma les yeux en sentant le vent lui cinglait le visage et la neige qui se collait contre son corps. Elle ouvrit à demi les yeux essayant de voir les deux étalons mais elle ne voyait plus que des silhouettes, le cœur de la jument commença à battre à tout rompre dans sa poitrine s’emballant. En regardant le sol, la jument découvrit la neige qui s’accrochait à la terre, son corps d’ailleurs, devait être couvert de neige. Le vent la bouscula de nouveau, l’éloignant encore des mâles.

La grise essaya de lutter comme elle pouvait mais le vent la fit tomber par terre, elle frissonna et se releva avec difficulté. A bout de nerf, la jument craqua. Des larmes de colère et de tristesse coulèrent le long des traits de son visage. Elle leva sa tête haute, sentant son cœur lui dire de se relevé et de pesté. Elle serra alors les dents et fit face au vent remontant comme elle pouvait pour essayer de revenir près des deux étalons. La jument ne voyait pas plus loin que le bout de son nez avec le vent, la neige et la brume épaisse. Des spasmes violents parcoururent son corps. Luce était complètement gelée. Elle frappa le sol et hurla :
- HEY HO ! Y A QUELQU’UN ?!

Elle regarda autour d’elle, fit un tour complet sur elle-même attendant une réponse. Elle décida de poursuivre sa route, après tout les deux mâles avaient pu être poussés par le vent, ou être partit chercher un abri et le vent était tellement violent qu’on n’entendait que lui. Lucinda décida alors, de trouver un abri espérant retrouver les deux étalons en même temps.
Tous les sens de la jument était en alerte, les oreilles droites, les naseaux dilataient et les yeux grands ouvert malgré la neige qui venait se posé sur son visage et le vent qui le lui arrachait. Elle secoua son corps faisant tomber de la neige et continua sa route l’encolure basse. Et puis dans le creux d'une falaise la belle découvrit une grotte, elle ne perdit pas de temps et accéléra la marche pour échapper à la tempête.

Rhosarf n’eut pas le temps d’écouter les dernières paroles de l’étalon bai, car subitement, les flocons de neiges avaient commencé à tomber de plus en plus vite. À être de plus en plus gros. D’énormes bourrasques de vent masquaient les silhouettes des deux inconnus. L’étalon pie arqua l’encolure, les yeux un peu fermés, ses sabots fermement plantés dans le sol. Tout son poids du corps était concentré vers le bas. Il fallait qu’il reste concentré. Pour ne pas que le vent le pousse. Mais la nature était beaucoup plus forte que lui. Vu qu’il ne bougeait pas, les flocons s’accrochait à son épais poil d’hiver. Malgré ce duvet qui était censé tenir chaud, cela ne marchait pas. Le froid s’accrochait à lui, pénétrait chaque partie de son corps. Rhosarf abandonna alors la lutte contre le vent. Il perdit prise. Arrêta de s’accrocher. Il avait froid et chaud en même temps. Il tremblait à cause de la neige qui se faisait de plus en plus envahissante et transpirait à cause des efforts inutiles qu’il avait fourni. Entre deux gerbes de neige, Rhosarf réussi tout de même à apercevoir la sombre forme de l’étalon bai qui ne bougeait pas d‘un poil. La jument grise semblait avoir disparu. Son corps semblait avoir fusionné dans cette horrible tempête. Exaspéré, l’étalon pie plaqua ses oreilles sur la nuque. Et puis il comprit. Les Dieux les punissaient. Encore une fois. De rage, le pie poussa un hennissement outré. Il lança une ruade au vent puis bondit en avant, et il huma l’air pour tenter de trouver la jument. Aucune odeur ne lui parvint. Seuls des flocons entrèrent dans ses naseaux. Rhosarf lutta et continua à avancer. Il ne perdrait pas ce combat. Un frisson parcouru son échine. Transi de froid, il imposa à ses membres rendus douloureux d’avancer. La silhouette de Galàn Desheredar était beaucoup plus nette. Quelques instants plus tard, le pie alezan le rejoignit, extenué. Le vent s’était légèrement calmé, alors le bicolore parla d’une voix forte par-dessus le vent ;

« La jument a disparu. On la cherche ou vous comptez crever dans c’te tempête ? »

Rhosarf s’ébroua et chassa un peu de neige, mais c’était peine perdue. À peine partie, la poudreuse revenait à la charge. Une énième bourrasque de vent assaillit les deux chevaux et le pie percuta le bai. Il s’écarta d’un bond mais ne s’excusa pas.

ANYBODY, NOT YOU - PART 2

L’obscurité descendait sur l’immensité blanche. Le soleil essayait tant bien que mal d’éclairer encore un peu la neige bleu sombre. Des craquements, le souffle du vent, des grognements peuplèrent les ténèbres et la tempête. Le gris du ciel était devenu charbon. Et l’air devenait irrespirable. Partout, ce n’était que du vent et du vide. Tout se confondait, tout se perdait. C’était la vie qui le voulait et pourtant la vie n’est qu’en faite qu’une ombre qui passe, un pauvre acteur qui s’agite, parade quelques tournures, sur la scène puis one ne l’entend plus, et elle disparaît, aussi fragiles. Hélas, c’est bien elle, insignifiante et pourtant, c’est bien elle qui nous guide chaque jour. La vie, c’est aussi un enchainement de circonstances que l’on ne comprend généralement jamais. C’est quelque chose de floue, que l’on ne pourra jamais voir distinguement. C’est un dessin, dans un seul trait. C’est une chose abjecte, que l’on déteste ou que l’on adore par moments. La vie, je ne sais plus ce que c’est. Je l’ai connu un bref instant, quelques mois, quelques heures pour moi. Je me confondais dans la tempête, me perdait et tentait de chercher un des autres. Mais tous les deux, avaient disparu et je restais là, seul, perdu dans cette immensité blanche. J’avais la désagréable impression d’être enfermé dans une pièce blanche, sans fenêtre, sans rien. Juste du blanc et que prisonnier, je ne pourrai plus jamais sortir. A chaque fois, que je tentais d’ouvrir mes lèvres gelées, je sentais de la neige me rentrait dans la gorge ainsi qu’un souffle glacial. Cela me brûlait, je me sentais aveugle. Je secouai la tête, et je vis alors, la silhouette de Rhosarf se dessinait. J’essayai d’articuler quelque chose en vain, le froid entrait de partout. Tu parvins à entendre sa voix, difficilement et tentait de te rapprocher de lui. Le vent, à sens contraire, te retenait en arrière, te poussait violemment. La tempête était d’une force inouïe et personne ne pouvait faire quelque chose. Tu gueulas alors par-dessus le bruit infernal du vent : « Merci, j’ai bien vu qu’elle avait disparu mais comment voulez-vous faire pour la retrouver ? Vous voyez quelque chose ? J’ai pas envie de crever, d’accord mais ce n’est pas en la cherchant que sa va changer quelque chose. » Tu étais un peu exaspéré mais tu savais aussi que l’étalon le faisait pour Lucinda. Peut-être par respect … Tu soulevas avec peine ton antérieur gauche et enfonçait de nouveau ton sabot. Tu progressais lentement mais surement. Tu pus accélérer le rythme même si cela te coutait beaucoup d’efforts. Une énorme bourrasque vous souleva alors et le pie, attrapé par la force du vent, fut happé vers toi. Tu sentis son corps se cognait contre toi. Tu faillis basculer dans la neige, ton épaule droite frôla l’immensité glaciale mais tu réussis à rester debout car tu étais enfoncé dans la neige et cela te retint. Rhosarf s’écarta mais ne s’excusa pas. Tu n’en fis pas la remarque, tu étais trop énervé et concentré. Il te semblait voir comme un point noir au loin mais tu avais peur de te tromper. Lucinda devait être très loin, car tu n’entendais même pas un seul craquement, et cette neige trompait si rapidement, qu’on se perdait très vite. Tu hurlas son prénom en vain. Le vent siffla à tes oreilles, tu n’arrivas plus à te concentrer. Tu t’ébrouas et les mèches de ta crinière laissèrent tomber une masse de neige. Tu ne savais plus quoi faire et tu restas là, impuissant à contempler ce désastre que la vie t’amenait …

Luce allait arriver devant l’entré quand celle-ci se volatilisa devant ses yeux. La jument resta stupéfaite, elle avait était si sûre d’elle. L’espoir de la jument lui jouait des tours. La grotte n’avait était que le fruit de l’imagination de la grise. Elle regardait l’étendue blanche pensif se laissant pousser par le vent. Elle secoue son corps se débarrassant de la neige qui s’entassé sur son dos. Un frisson parcouru son échine, la belle était complètement gelée par le froid et son corps commençait à en être prisonnier. Brusquement la jument se sentit envahir par un sentiment de détresse. Elle se retrouvait de nouveau seul, dans ce piège où elle ne voyait rien. La mâchoire crispait la jument luttait contre la force du vent mais une force violente la fit tomber par terre l’envoyer valsé dans la neige. Une tonne de sable blanc s’éleva dans l’air avant de retomber sur le sol. Elle poussa un soupire. Elle ne pensait plus qu’à une chose : se retrouvé ailleurs qu’ici ! Luce se leva alors rapidement, et partit au trot essayant de se réchauffer et de lutté en même temps contre le vent violent. Elle poussa un hennissement strident espérant qu’on l’entende et elle regarda autour d’elle, observant l’étendue blanche. Les oreilles en avant, la jument entendit des petits grognements. Elle dirigea son regard vers le bruit et s’y dirigea par curiosité et un petit renard apparut devant les yeux de la jument. Celle-ci recula de surprise et observa le petit animal faible prêt à mourir. Un sentiment de pitié empara le cœur de la jolie. Le renard souffrait, son visage était déchiré par la souffrance. Il allait mourir de froid ou bien de faim. Elle s’approcha de la bête, celle-ci répondit en grognant. La jument par réflexe recula. Elle fit un faible sourire à la l’animal et elle murmura de sa voix délicate :
- Il faut s’entraider. Si ta route croise la mienne en ce jour, c’est pour apaiser ta souffrance. Ne nous voilons pas les yeux, tu souffres. Et je peux abréger tes souffrances. Chut ! Il paraît que la mort est plus douce que la vie… Adieu…

La jument déglutit sa salive et fit une grimace avant de donner un coup de sabot du le renard et de le tué. Etrangement des larmes coulèrent sur les joues de la jument. Elle n’avait jamais demandé ça, se retrouver ici…Elle n’avait jamais demandé à tuer cette pauvre bête ! Elle n’avait rien fait ! Et ne comprend pas ce qu’elle foutait sur cette terre d’exile ! Elle, si croyante ! Aujourd’hui elle éprouve une haine incontrôlable envers les dieux ! Elle grince des dents et jette son regard vers le ciel. Elle se rappela alors, des deux étalons. Où étaient-ils ? Etaient-ils morts ? Lucinda déposa son regard sur le cadavre du renard. S’ils étaient vivants, elle ne pouvait pas les abandonnaient ! Non ! Elle devait les retrouvaient. Elle gonfla son torse et un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle devait les retrouvaient !

Elle prit alors la marche remplit d’espoir. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait l’impression que ses prochaines heures se passeraient avec ces deux étalons et qu’elle ne devait pas les abandonnaient…

La neige froide, le vent violent. Tempête. Cela commençait à devenir plus qu’exaspérant. Rhosarf frissonna. Bizarrement, il sentait qu’il n’aurait peut-être plus très longtemps à vivre dans cet infernal chaos. L’étalon bai répondit au pie sur un ton désagréable. Ce dernier ne prit pas vraiment la peine d’écouter. Il se concentra alors sur où pouvait bien âtre la jument. Il leva la tête vers le ciel gris neigeux et poussa un hennissement dans le vent. Il s’ébroua, et quelques flocons s’éparpillèrent sur el sol épais et blanc. Rhosarf fit quelques bonds pour avancer. Marcher lui permettait de ne pas sentir ses muscles l’abandonner. C’était un moyen de survie, aussi. Avancer jusqu’à ne plus en pouvoir. Les membres tremblants. L’étalon bicolore luttait contre cette tempête. Ils allaient trouver la jument. Et ils allaient partir loin d’ici. Loin de cette neige, cette tempête. Le pie semblait avoir un cœur de pierre et être aussi froid que la glace, il savait pourtant éprouver des sentiments. Tels que la pitié, la colère. Toutes ces choses là. Il ne savait pas depuis combien de temps il progressait dans la poudreuse. Mais tout à coup, le vent leur apporta des effluves de jument. Mais aussi une odeur de mort. Gàlan était près de lui. Rhosarf lui jeta un regard de travers. Ce dernier se mit à galoper dans la neige. Enfin, galoper était un bien grand mot !! C’était plutôt une allure sautillante.il s’ébroua à nouveau et trouva à ses sabots le cadavre d’un renard mort. Une couche de glace le recouvrait. Immonde. L’odeur de la jument était présente. Le pie continua à avancer, sans se soucier si le bai le suivait ou non. Il faisait moins froid, maintenant que le cheval progressait à vive allure. Puis entre deux gerbes de neige, il aperçut une silhouette équine rappelant celle de la jument.

« Là bas. »

Dit Rhosarf par-dessus le vent en désignant la forme grise. Il avança de quelques pas et attendit encore un peu, ne sachant pas vraiment si c’était elle ou quelqu’un d’autre.

APPROCHE DOUCE NUIT ...

La rumeur de la tempête est là. C’est comme un bruit de foule, qui tonne, qui roule. Tantôt s’écroule, tantôt grandit. L’air est lourd de menaces et remplis de bruits de chaines. Et dans les forets avoisinants, frissonnent encore tous les grands chênes face au dément démon qui habite la tempête. Je te l’avais dit. Je te l’avais dit que je tuerai quiconque te toucherait. Ce n’était pas des paroles en l’air, ce jour-là. Et c’est pour cela que je vais le tuer, que j’essaierai, jusqu’à mon dernier souffle. Peut-être aussi parce que après, je serais enfin détaché de ses chaines qui me retiennent, après avoir respecté cette promesse que mes lèvres ont scellé. Parfois je me dis que j’aurai du être lâche, partir, disparaître, ne rien faire, ne rien voir et oublier. Mais comment oublié un être tellement aimé, comment oublié tous ces bons moments, tous ces délicieux moments avec toi ? Je ne l’ai pas fait car je t’aimais. D’un amour profond, douloureux. Je ne pouvais te trahir. Je sais très bien qu’il ne faut pas dire du mal des défunts, ni de toi et que je ne le pense surement pas au fond, tu as été lâche Prïlia, j’aimerais te détester. Je n’y arrive pas. Trop dur, trop à vif. Tout le monde rêve au bonheur. Nous y sommes arrivés ensemble, à construire un monde meilleur, plus maintenant, maintenant que je suis seul. Quand je ne me force pas à haïr, je me sens comme enfouie dans la tristesse, c’est ma façon de me protéger. Mais pourquoi les gens font des promesses qu’ils ne tiendront pas ? Qui est celui qui a trahi au fond ? Mais pourquoi Prïlia, pourquoi ? On ne se cachait rien, n’es-ce pas ? Pourquoi n’avais-tu pas répondu ? Pourquoi avais-tu regardé au loin, le regard vide et que tu m’avais murmuré de t’excuser, de ne jamais te détester, que ce n’était pas de ta faute, que sa devait arriver, que sa devait venir, tu n’avais pas le choix. Je n’avais pas compris, je n’ai toujours pas compris. Il n’y a rien à comprendre … Ma tête dodelinait, emportait par des bourrasques de vent. J’entendais siffler les gémissements de celui-ci à mon oreille. Mes lèvres gercées par le froid ne pouvaient presque plus s’ouvrir et je ne respirais que de mes naseaux. A chaque bouffée d’air froid, je sentais un contact glacial avec ma gorge me brûler et j’avalais péniblement ma salive. Ma crinière, avant collé à mon cou, se soulevait maintenant face au souffle du vent et laisser mon cou au contact glacial du froid. De petits et fins cristaux, à peine visibles, commençaient à se former sur ma joue. Ma robe baie semblait se ternir et s’effacer dans ce brouillard. Je commençais cependant à y voir mieux, je m’habituais surement à cet univers blanc, et j’apercevais une tâche grise dans la brume qui me recouvrait. Je tentais de me rapprocher, de marcher. Car c’était sans aucun doute la pauvre Lucinda. Une bourrasque de flocons m’atteignit en plein visage, je secouai la tête, maugréai, m’ébrouai. Je fixai alors le point au loin pour me donner un but et continuai à marcher. Je distinguais maintenant beaucoup mieux la frêle jument et prés d’elle, un renard mort. Je n’y fis guère attention, il avait du mourir de froid. Rhosarf dit quelque chose que je t’entendis pas, ou presque. Je ne répondis pas. J’ouvris mes lèvres et prononça quelques mots à l’attention des deux. Ma voix rauque s’évanouissait dans lèvent. « Si on veut pas crever ici, on ferait mieux de chercher un abri et de ne pas se barrer … » Je terminai la in de ma phrase en fixant Lucinda pour qu’elle comprenne de qui je voulais parler. Je rigolai pourtant. La situation n’avait rien de comique mais nos visages de dépités me faisaient penser qu’on se croirait à un enterrement. Je fixe le vide, espère voir apparaître quelque chose.

La grise essayait de marcher dans le sens contraire du vent mais celui-ci semblait s’amuser à la poussait et à lui souffler dessus ainsi que lui murmurer des phrases qui ne valaient rien dire. Les yeux à demi-fermé la jeunette s’écroula violement sur le sol. Son corps tremblait de froid. Elle souffla des naseaux et glissa son regard sur le renard… Elle fermi les yeux et se mit à murmurer tout bas des incantations qu’on lui avait apprises. Elle sentait la neige tomber sur elle et l’ensevelir, elle sentait le vent qui faisait flotter ses crins dans l’air, elle sentait l’odeur du cadavre s’infiltré dans ses naseaux… Elle sentait la mort approché. La jument se coucha sur le côté, les yeux toujours fermés, inspirants et calmant ses pulsations essayant de garder son calme mais en vain. Luce était complètement terrorisée de peur et le froid qui la mordait n’arrangeait rien. Ces membres étaient complètement gelés et la grisette n’osait même plus bouger. Un nouveau frisson parcouru son corps frêle quand des voix résonnèrent dans la tête de la jument, des voix chaudes… Des voix porteuses d’espoirs. La jument écouta ces voix mais les repoussas se laissant bercé par la mort qui l’arrachait à la vie. Les appelèrent Luce, lui disant de se levé, d’affronter cette tempête… Alors tout doucement la jument se releva. Ce mettre sur ses quartes jambes fut un effort surhumain pour la jeunette. Elle secoua son corps avec violence et plissa les yeux en voyant deux formes équines plus très loin d’elle, qui venait dans sa direction. Un sourire se dessina sur les lèvres de Luce. Sûr d’elle, elle fit quelque pas mais n’arrivant pas elle poussa un hennissement…

La joie accaparé le cœur de la demoiselle. Elle n’était plus seule et savait qu’étrangement, elle pouvait compter sur les deux mâles… Gàlan était arrivé jusqu’à Lucinda lui sortant une vanne. Elle leva les yeux au ciel désespéré par son comportement. Le rire du grand bai retentissait dans le paysage, seuls eux trois pouvaient l’entendre. Elle soupira et lâcha au mâle :
- Arrête de rire ! Tu va crée une avalanche, pauvre idiot !

Elle posa ses prunelles sur l’autre étalon encore anonyme pour la jeunette. Elle lui demanderait son nom plus tard, pour l’instant il y avait bien plus urgent à faire ! Elle balaya du regard le lieu mais elle ne vit rien… Il n’y avait rien… Rien du tout… Juste eux, juste une énorme couche de neige ! Malgré la présence des deux mâles qui la réconfortait, Lucinda ne pouvait s’empêcher de se sentir piégé…

( Qui lance les dés ? ^^' )

Lucinda

La tempête de neige - élément perturbateur

Rhosarf fixait l’inconnue qui se débattait contre la tempête et qui rejoignait Gàlan et lui. À présent, la neige et le vent omniprésent ne le dérangeait plus. On s’y habituait, voilà tout. L’étalon pie s’ébroua, et fixa la jument sans émotions. Elle est faible, songea-t-il. Il lui lança un regard noir, puis, sans dire un mot, il se mit en quête d’un abri. De quelque chose. Attendre que la tempête passe et s’en aller. Loin de ces deux individus. Rhosarf était surprit qu’il puisse se retrouver avec deux chevaux à fois. Et c’était désagréable. Car il n’aimait pas la compagnie des autres. Il détestait presque cela. En plus, avec la jument et le bai, c’était d’autant plus mauvais étant donné qu’ils n’avaient pas l’air de s’entendre. Un soupir s’échappa des lèvres gercées de Rhosarf. Ces dernières étaient fendillées, et le pie savait que s’il parlait, il saignerait. Il se mit à avancer plus vite, les oreilles plaquées en arrière. Ses yeux guettaient les environs. Puis là, il crut apercevoir une sorte de toit. Il dressa les oreilles, puis les rabaissa. Changement de direction. Rhosarf trotta alors vers cet endroit. Leur salut. L‘espèce d‘habitat. En bois. Une espèce de cabane. Une idée mauvaise frappa soudain le pie. Et si quelque chose de mauvais se trouvait à l’intérieur ? Peu importait, ils pouvaient se battre. Il huma les environs et constata qu’il n’y avait pas d’odeur particulière. Mise à part une odeur de renfermé. Rhosarf resta tout de même à l’extérieur, sceptique.

PART SI LOIN QUE TU NE LE PEUX

Je doute de plus en plus. De toi, de moi et d’amour perdu dans les landes perdues. Je doute de la vie qu’on avait, de cette réalité trop vraie et de notre confiance éperdue en la vie. J’air peur. Peur de ce qui va arriver après, ce qui va s’ensuivre. Je ne pense plus à ton jugement, ta voix disparaît des souvenirs. Cela, cela me fait peur. Je m’y accroche pourtant mais plus les jours, les heures passent, plus ton visage devint un fil blanc sans fin. Un mur qui se dresse dans ma tête. Je me sens te perdre une nouvelle fois, je tente de faire quelque chose mais rien ne vint. A vrai dire, n’es-ce pas un peu normal ? Comment aimer un souvenir qui se meurt, comment aimer quelqu’un qui n’est plus là, comment aimer le vide ? L’être ne peut supporter. Et moi, âme déchu, survivre, ce n’est plus qu’un devoir ; vivre une obligation. Mais Prïlia, je t’en supplie, si ce n’est que pour nous, tiens ta promesse, ne me permets pas de douter de toi. J’ai envie de ricaner, ma belle n’entendra jamais mes supplices. Et tous ces gens qui me disaient que c’était un accident. On m’a même dit que je m’énervais trop vite, que tout allait revenir. Ce n’a jamais été un accident et personne ne pourra jamais nous comprendre. Nous étions deux êtres perdus, nous nous sommes rencontrés, éperdus de vue. Deux fils qui s’attachent et un qui se brise échappant à jamais à une douce et longue vie, si brusquement. J’entends la voix de Lucinda à côté de moi, un sourire se pose sur mes lèvres gercées par le froid et je regarde la jument, retenant un ricanement ironique et une remarque. Devant moi, la tempête toujours aussi violente, semble transporter en elle, les cadavres du silence. Au lion, une forme se distingue du lot. Rhosarf avance d’ailleurs vers celle-ci. Je ne bouge pas, suspect. Ma voix rauque sort, fuse des les lèvres presque saignantes : « Je crois qu’on a guère le choix mais … » Je soupire, et malgré moi, avance de nombreux pas. Je distingue mieux la forme sombre. Le vent passe dessus sans même l’effleurer. Une vieille cabane, la porte à demie-ouverte, l’air obscur et malveillante. Ses proues grincent, son bois semble vieux. Elle ne semble pas être immense, se fait enveloppé par la brume. Le temps semble suspendu, je ne souffle plus, j’attends. Je ne regarde plus les deux autres équidés, je suis absorber par la cabane. Mais au fond de moi, je sens comme un rejet, une méfiance. Seulement, c’est la seule chance de survie. Ma bouche se sèche, je n’ai plus le gout, je n’ai plus la force de parler, je suis engourdie. Tout proche de la vielle habitation, je contemple ce morceau usé de bois tangué presque. Je ne souffle toujours mot mais me tourne, et regarde pour voir Lucinda et Rhosarf. Un souffle glacial balaye ma joue. Je me sens terne et un sentiment me bouleverse, chavire puis repart. Mes yeux se voilent, je ne distingue plus rien. La neige recommence à tomber durement et je sens des grêlons me tomber sur le corps. Je grogne, et soupire exaspéré le ciel. C’est bien les Dieux avec leurs caprices et leurs colères. Je repose mes yeux sur la lande désertique, ce Grand Nord qui a été balayé par le souffle glacial de la tempête. Je reviens vers la cabane et songe avec tristesse que je n’ai plus le choix. L’obscurité de l’intérieur que je vois par la porte m’appelle, j’avance de quelques pas et m’arrête. Doucement, le temps reprend son cours.

( puisque lucinda n'est plus, on s'arrête ou on continue que toutes les deux Rhosarf ? )

[ On peut arrêter maintenant, j'pense. ]