We can fly like a fireflie. PV

C'était une nuit noire. Première nuit que je passais sur la Terre d'Exil. Le froid mordait le corps élégant d'Indiana. Sa faible masse corporelle ne l'aidait pas, et elle cherchait une chaleur quelconque, peut importe sa provenance. La jument de feu leva les yeux au ciel, et vit que la Lune, sa chère amie, ne se montrait pas ce soir là. Déçue, la rouquine baissa les yeux et marcha, le nez frôlant le sol. Un petit moment d'inattention... Un bourdonnement dans les oreilles. Elle leva la tête, effrayée. Et c'est à ce moment qu'elle vit un mâle pie, entouré de multiples lucioles, ces insectes aux apparences féériques. Indiana souris niaisement, puis se ressaisit. Il ne fallait pas qu'elle faiblisse. C'était un mâle. Chose qui l'avait toujours terrifiée. L'odeur... Elle ne se trompait jamais. Elle se rappela de tous ces chevaux, se moquant d'elle et la blessant autant physiquement qu'intérieurement. Des insultes, des coups. La jument se rappelait de tout, en présence d'un mâle. Se faisant la plus discrète possible, elle brouta, sans bruit, car son ventre menaçait de grogner. Puis elle décidait de partir. A pas de loups, elle s'avança, mais fit craquer une branche. Au son des brindilles, elle se figea, oreilles plaquées sur la nuque. Elle attendit, n'osant plus bouger le moindre membre.

[Désolée, c'est horriblement nul]

Pas de réponse. Non, aucune. Pas l’ombre d’une parole. Mais la jument s’agita soudainement, elle se mit à hurler. Une hystérique ? Sûrement. Elle frappait de tous les côtés, envoyant valser ses postérieurs et ses antérieurs. Avançant et reculant. Rhosarf esquivait tant bien que mal les coups de la jument alezane. Que lui prenait-il ? La jument hurlait qu’il fallait se taire. Le pie écarquilla ses yeux en grand. Il ne savait que faire. Paralysé, il fixait l’alezane qui s’agitait en tout sens. Des flocons se mirent à tomber, ils étaient gros et gelés. La jument s’abattit soudainement sur le dos du mâle. Ce dernier hennit, surpris. Il n’hennit pas que de surprise. Une douleur sourde traversa la colonne vertébrale de l’étalon. Il chuta sous le poids de la jument. Un craquement sonore avait retentit lorsqu’il s’était affalé, face contre terre. Rhosarf haleta. La jument se releva mais le pie préféra rester au sol. La douleur dans son dos ne cessait de s’amplifier. L’alezane se tourna vers l’étalon, un air accusateur. « Que m’avez-vous fait ? » Demanda-t-elle. Rhosarf lisait la peur dans ses yeux. Il avait le souffle court, et entre deux douleurs sourdes, il articula ;

« Plutôt vous.. Vous venez de vous écraser sur mon dos.. »

Puis il puisa dans ses dernières forces et se releva, alors que ses membres tremblants n’offraient pas un appui sûr. Rhosarf voulait demander à l’alezane si elle allait bien. Mais il ne le ferait pas. Il ne s’inquiétait pas du sort des autres. Jamais.

Gênée, la jument s'excusa d'un signe de la tête. Oui. Elle en voulaient aux voix. Pas à elle, mais aux voix. Un sourire crispé sur le visage, elle baissa la tête, sorte de révérence, et la releva rapidement. C'était la seule manière qu'avait trouvé Indiana pour lui montrer à quel point elle s'excusait. La jument recula d'un pas, désirant être à une distance respective de l'étalon. Si les voix viendraient, elle les combattrait, avec force et courage. La jument rousse voulait lutter contre ces voix qui faisaient fuir la moindre personne qu'elle croisait. Heureusement, cette personne - ci, n'avait pas fui, elle. La brise qui, tout à l'heure, lui caressait le dos, devint plus puissante, et bientôt, seules des bourrasques de vent s'abattaient sur les deux chevaux, les yeux à demis - clos, l'alezane lui murmura, espérant qu'il ait entendu « Je suis vraiment désolée ! Vous êtes sûr que ca va aller ? » Malgré sa peur constante des mâles, Indi' ne voulait pas se laisser aller. Elle voulait l'aider, pour lui montrer qu'elle était vraiment désolée. Sincère, la jument s'approcha, tremblante, et vint observer le dos du mâle, elle n'y voyait pas grand chose, alors elle dût s'approcher de très près. La neige se faisant de plus en plus épaisse, la jument resta là, figée. Proche du mâle peut être, mais, au moins, elle se sentait mieux, proche de cet élégant pie alezan. La rouquine n'osait bouger. Les oreilles pivotant dans tous les sens, elle était à la fois apeurée et heureuse. Oui, depuis une année déjà, la petite n'avait pas approché de mâle et sa distance de sécurité n'était pas du tout respectée. Elle attendit, le cœur battant.

[Dés ? Si oui, j'en lance deux et tu choisiras ]

[Désolée, c'est vraiment très peu :x )

Le vent devint plus fort, et les flocons se transformèrent en petits grêlons. Seulement, Indiana n’eut pas le temps de ressentir ces terribles grêlons qu’elle était protégée par… Le mâle ?! Indi’ fut rassurée et à la fois inquiète d’être protégée par un étalon. Mais quelque chose retint son attention… Une ouverture. Non, une porte était apparue, dévoilant un paysage féérique derrière elle. La jument écarquilla les yeux, comme si elle avait été sonnée. Puis elle s’ébroua, se ressaisissant. « Mademoiselle. J’entre d’abord. Je préfère limiter les risques. » La jeunette voulut le retenir mais le mâle pie la devança. Il s’approcha de la porte, y rentra une jambe et s’écroula, la porte, quant à elle, était toujours là. Elle décida d’emmener le pie de l’autre côté, avec elle. Elle passa de l’autre côté et empoigna le mâle par les crins et le traina de toutes ses forces à l’intérieur du monde féérique. Seulement à ce moment là, tout se brouilla devint noir, elle vit alors tous les moments de sa triste vie défiler devant ses yeux puis, faible, elle s’écroula à son tour sur le mâle, inconsciente.

Rhosarf était planté devant le seuil, n’osant pas vraiment regarder ce qu’il y avait à l’intérieur. Mais la jument, poussée par le désir d’être loin de cette affreuse tempête, prit l’étalon pie par les crins et l’entraîna. Bizarrement, le pie ne protesta pas et se laissa faire, tel un pantin désarticulé. Le mal de crâne qui le saisissait ne fit que s’amplifier. Il crut entendre les hurlements désespérés de sa mère. C’était des choses qu’il n’avait jamais connu. Un renouveau horrible. La douleur des cris le déchirait de l’intérieur. Ses os implosaient. Son cœur se faisait si gros. Il semblait à Rhosarf qu’il allait mourir. La tombe devait-elle être si proche ?! Les hurlements de l’étalon se joignirent à ceux de l’inconnue. Il était au sol et pourtant avait l’impression de tomber. Un gouffre. Le pie se contorsionna dans tous les sens, sentant les chatouilles de l’herbe et la neige sur son corps. Puis une masse lui retomba dessus. La douleur de son dos lui écrasa la colonne vertébrale. Un faux mouvement. Il ouvrit brusquement les yeux. La neige tombait, aveuglante. Et sur lui se trouvait la jument. L’encadrement de la porte avait disparut. Pourtant, Rhosarf se souvenait de tout. La torture qu’il avait subit, les hurlements. Il avait eut l’impression qu’une hémorragie interne avait eut lieu. Mais non. Il était intact, mis à part son dos. Il observa la jument alezane quelques instants, trempé de sueur. Puis il commença à se soulever, et à aider la jument par la même occasion. Ses muscles tremblaient sous l’effort qu’il déployait.

« Tout va bien ? »

Murmura-t-il d’une voix rendue rocailleuse par la fatigue. Rhosarf posa alors des yeux qui en avaient trop vus sur la jument alezane.